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Nippons et chaussées
22 août 2006

"OK three, two, one, let's jam!"

Endormi hier soir devant une émission où l'on présentait des stars du sport étranger, j'eus la surprise d'assister à plusieurs minutes de match avec l'équipe du Mans, le M.U.C. 72, en l'honneur de MATSUI Daisuke, footballeur nippon ayant récemment rejoint les Sang et Or. Je ne suis pas spécialement le foot, mais ça m'a surpris de tomber là-dessus (et surtout d'entendre la façon dont le présentateur prononce les noms de villes françaises).

On y disait que le garçon vient de Kyôto, et ça tombe bien, parce que c'est là que je traînai mes geta en ce triste matin d'août de l'an de grâce 2006.

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Ayant rendez-vous à midi, je trouvai le moyen de prendre le train le plus lent du monde avec une demi-heure de retard, offrant par-là même à la Hankyu Line un nouveau tapis en ongles rongés de gaijin.

Bref, arrivé au terminus de la ligne, j'ai encore une désillusion en me rendant compte que le petit "walk" de deux minutes indiqué par les sites de transport correspond en fait à une course d'endurance dans un labyrinthe souterrain où tous les Japonais sont persuadés que votre destination se trouve dans la direction inverse de celle où vous courez.

Enfin parvenu au point de rendez-vous, pfiou, soulagement, la personne qui m'attendait est toujours là. A vrai dire, je ne l'ai vue en vrai qu'une ou deux fois, du coup, lorsque je l'abordai, j'avais déjà en tête toute une variante de "où se trouve la gare svp?" en cas de méprise (nonobstant le fait que j'en venais de sortir, de la gare). Mais bon, tout est bien qui finit bien, SAKAI Eri se retourne, m'observe, soustrait mentalement des cheveux et des poils, ajoute une chemise hawaïenne au tout, me reconnaît plus ou moins, sourit et... s'excuse parce qu'elle-même est en retard. Ouf. Ca commence pas si mal que ça.

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J'ai rencontré Eri à la fac, où elle est en LEA (Langues Etrangères Appliquées), la version "éco-soc" du LLCE, plus littéraire (ça, c'est ce que je fais), du moins si mes souvenirs ne sont pas trop érodés ;)
La demoiselle est petite, bronzée, un peu musclée au sortir de dix ans de natation (pas non-stop, hein), en plus elle parle Français et j'en profite pour lui demander plein de précisions grammaticales auxquelles elle répond avec la gentillesse qui la caractérise.

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Nous tournons à droite après la gare et je retrouve un aspect de Kyôto auquel je n'avais prêté que peu d'attention du temps où Grenadin et moi la visitions à vélo : si de grandes avenues pleines d'immeubles parcourent la ville, les ruelles qui les relient sont restées ce qu'elles étaient depuis le début du siècle. Epargnée par les bombardements, seuls les fils électriques et certains architectes ont défiguré Kyôto depuis cinquante ans. Dans ce quartier de Gion (pas celui-là, Nishruu), entre les petites maisons de bois sombre, nous croisons ici et là une furtive maiko (apprentie geisha), ou un pauvre garçon suant à conduire deux dames en jinrikisha (pousse-pousse local).

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Soudain, la pluie se mit à tomber. Enfin, je dis tomber, mais c'est plutôt comme si les nuages nous balançaient les gouttes dessus tellement ce fut infernal. Aussitôt, les rues et terrains vagues furent transformés en rivières, et nous en éponges. (Contre-)courant sous ce déluge, nous arrivâmes heureusement bientôt en vue du lycée de beaux-arts où la soeur d'Eri, Zu-chan, nous attendait dans la salle de poterie.

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Etrange ambiance que celle qui régnait dans cet endroit! Après le véritable voyage dans le passé que constituait la promenade dans les vieilles rues de Kyôto, imaginez ce que je ressentais en pénétrant dans ce grand bâtiment vide et sombre, fouetté par les éléments et où s'entassaient pêle-mêle matériel de peinture et oeuvres d'art! (en fait, j'avais plutôt la dalle, mais c'était joli quand même)
Ici, fi du stéréotype du professeur Japonais sévère et distant : tout le monde y est très copain avec les élèves, autant de coolitude, je croyais que ça ne se voyait que dans les drama mais apparemment non :p

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Zu-chan, de son vrai nom Izumi, est la grande soeur d'Eri (oneeee-chan!). Forte ressemblance de visage, mais ses cheveux sont plus courts et des mèches s'échappent par-ci par-là. Ses vêtements ont subi l'outrage du travail de la céramique, et sous ses lèvres toujours souriantes brille un piercing qui n'a, par contre, pas fait sourire du tout son papa, il paraît xD Zu-chan parle elle aussi un peu le Français (bonjuru!), ou plutôt le Belge, comme dit Eri. De quoi faire grincer des dents à Grena ;)

Sortis du lycée, munis de parapluies, nous nous faufilons jusqu'à un restaurant de soba, délicieux. L'ambiance y est, là aussi, prenante. Avec les sushi, c'est un de mes meilleurs repas pour le moment, et voir un peu de monde me fait du bien.

Izumi rentre pour fignoler l'exposition préparée par son lycée. Eri et moi flânons un peu dans la ville où le soleil est revenu. Passant derrière le théâtre traditionnel des geisha, nous y apercevons un bout de décor pendant une répétition.

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Nous marchons vers l'est, et les rues montent. Arrivons à un escalier. Je ne vous ai pas encore raconté le truc le plus génial à Kyôto, mais ça va venir : comme la ville est entourée de montagnes et que les Japonais ont une sainte horreur qu'on y touche (à leurs montagnes), ben vous grimpez pendant une minute, passez deux, trois buissons et là, bang, plus rien, plus d'immeubles, juste de la verdure partout, comme si vous aviez soudain rapetissé et que vous étiez face à un gros tas de mousse. La ville est soudain loin, très loin derrière, et il n'y a plus que les temples et la forêt. Et, en l'occurence, une statue de Bouddha gigantesque, nacrée, qui s'élève vers le ciel.

Nous pénétrons dans un temple tout à fait représentatif de l'esthétique samurai de la fin du seizième siècle (shôgun, tout ça).

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Des contrastes de murs blancs et de charpentes en bois qui s'incrustent dans des jardins de mousse créés avec talent et dénuement, mais aussi des jardins secs avec leur gravier blanc proprement ratissé, propre à la méditation.
Ici, c'est une simplicié rustique qui prime dans les petites maisons de thé au toit de chaume.

A l'intérieur, des objets ayant appartenu à Toyotomi Hideyoshi et de splendides estampes représentant des monstres, fantômes et objets maudits. Il faut enlever ses chaussures à l'entrée et les trimballer dans un sac en plastique, pas pratique par contre.

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Après avoir manqué de passer de vie à trépas une dizaine de fois par cognement de figure contre des chambranles de porte ou noyade avec des fontaines publiques à la pression trop élevée, nous arrivons enfin à un endroit tout à fait charmant où a lieu une distribution de thé vert effectuée devant une maison de thé traditionnelle. Grand moment. Le lieu est superbe, et le thé d'une qualité rare. J'essaye de le boire selon la coutume, ce qui n'est pas facile quand on meurt de soif et qu'on engloutirait bien tout d'un coup.

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Retour à la civilisation. Le chemin est bordé d'eau qui dévale le long de deux murs en pierre, au sortir d'une forêt de bambou. Nous quittons un monde pour entrer dans un autre. Arrêt dans un café où nous rejoint Zu-chan, on parle Mishima, études, estampes, bouffe, de l'homosexualité au Japon et de la difficulté de se garer dans Paris. J'apprends deux, trois trucs sur l'envers de la rue Sainte-Anne où je bossais dans un resto de râmen, entre deux gorgées d'un thé additionné d'une espèce de fruit acide. C'est plutôt bon, contrairement au truc de Zu-chan constitué d'un mélange de fraise, de crème et de... navet. J'ai jamais rien bu de tel, et je crois que ça va rester comme ça. En tout cas, on se barre bien vite en laissant le verre quasiment plein xD

Il est à peu près 17h, temps de rentrer. Je remercie les soeurs Sakai, en espérant les revoir bientôt à Paris.

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Au retour, le train est direct, comme il aurait dû l'être ce matin. Saleté. Remarque, sans ce retard, peut-être que nous n'aurions pas vu de geisha, peut-être que la pluie serait tombée au sortir du restaurant. Comment savoir? Dehors, les rizières s'étalent, toutes possédant un système de protection différent : celle-ci, par exemple, se voit piquée d'épouvantails en forme de bustes humains placés sur des mâts. De loin, on dirait les têtes empalées de touristes occidentaux dévorés par les corbeaux carnivores.

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Le train file, file vers Ôsaka, et je traverse un fleuve immense où se noit le ciel et mon regard. Ridée comme une coupe de thé zen, l'eau miroite de tant d'espace dans une ville où voir le ciel est si rare!

C'est gavé de toutes ces images que je rentre à l'hôtel parmi la foule qui sort du travail. Voilà en tout cas une journée qui n'aura pas été perdue :)

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Commentaires
H
Quoi, ça ne veut pas dire que ces monuments n'existent pas... et puis, moins je prends de photos, plus j'ai le temps de découvrir des trucs à vous raconter. CQFD :)
B
Nooon ne vous laissez pas avoir !!<br /> On vous ment on vous spolie !!<br /> Ce sont des photos qu'il a repeche sur Googleuh!<br /> Il n'a pas pris une seule photo !!<br /> <br /> Honte-a-toi-Tigrou! Bozo
H
Finou - Secret ;) oui, c'était ce resto, mais tu sais, il y en a de plus en plus, des Geisha à Kyôto :)<br /> <br /> Nini - Aujourd'hui, on change de style avec le quartier moderne de la baie d'Ôsaka... vous raconterai ;)
N
(deux japonais en deux jours, à force je vais finir par être blaser du quartier jap uhuh)<br /> <br /> Eh ben dites donc, tu nous fais un bien joli récit, ça donne vraiment très envie ^__^. Au moins une journée non cybernétique, bravo pour la lutte. On en veut encore ;) (très jolies photos zaussi tiens) !
F
Oh mais qu'as-tu appris sur la rue Saint-Anne? :p<br /> Le resto de ramen ou tu taffais c'est celui ou j'allais avec Manue? O_O Ca doit être celui-là puisque c'est celui que tu lui avais montrer. Nan?<br /> <br /> Sinon ça devait être fun de voir des vraies geicha! L'autre jour j'me demandais si ça existait encore tiens ^^"
Nippons et chaussées
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