Somewhere, over the Midosuji Line
Alors, quoi de beau aujourd'hui, chers lecteurs?
Tout d'abord, j'ai profité de la générosité du CHUO pour engloutir des croissants (enfin, des espèces de pains briochés fourrés à la crème de chépakoi) ainsi que deux gorgées de café (chacun aidant à faire passer le goût de l'autre) avant de défaire mes valoches en regardant un drama de samurai à la télé. Ca fait drôle de voir les émissions japonaises... les acteurs surjouent un peu, ça donne un genre. Le must est quand même de regarder des films américains en version locale, ça fait bien rire :p aah, Fox Mulder en nippon!
Bref, après ça, je me suis traîné sur les tatami pour trouver un truc à faire pas trop loin. Par chance, il y a à Sakai, sur la même ligne de métro que l'hôtel (qui passe sous les fenêtres, d'ailleurs), la tombe de l'Empereur Nintoku.
Alors, que je vous explique, parce que ce mec, c'était pas n'importe qui quand même. Nintoku (仁徳天皇) était le seizième empereur du Japon. On pense qu'il a régné durant le Ve siècle et a vécu près de cent ans, mais aucune date précise ne peut être avancée pour la simple raison qu'on ne connaît l'Histoire de l'époque que par des textes chinois (pour qui le Japon était une sorte de micro-état primitif), et des ouvrages locaux (écrits par des gens pour qui une date était n'était valable que lorsqu'elle entérinait la présence de l'actuelle empereur sur le trône).
On est par contre à peu près sûr qu'il était vachement sympa et avait pour coutume d'exempter régulièrement le peuple de taxes. D'ailleurs, fallait qu'ils l'aiment bien, les Japonais, vu le truc absolument gigantesque qu'ils se sont décidés à lui construire à sa mort. A moins, bien sûr, que Nintoku fut tellement exécrable que ses sujets décidèrent de mettre le plus de cailloux possibles sur son cercueil pour être sûrs qu'il ne reviendrait jamais. Allez savoir.
Quoi qu'il en soit, son tertre (Kofun) est énorme. 486 mètres de long pour 320 000 m² de surface totale. A tel point qu'on a vraiment dû marcher sur les objets funéraires qui le recouvraient pour se rendre compte que ce n'était pas une bête colline (parce que depuis le temps, les arbres ont poussé dessus).
Il est entouré de fossés d'irrigation qui servaient à alimenter la région et, tenez-vous bien, personne n'est jamais allé le fouiller. Interdit. C'est pas les pyramides, ici, on respecte les morts de la famille impériale, tout ça.
Bon, la vraie raison, c'est peut-être qu'ils n'ont pas envie qu'on découvre là-dedans que super Nintoku avait un papa et une maman coréens. Ca le ferait mal pour l'image nationaliste du Japon. Toujours est-il que contempler de si près un site interdit de fouilles, c'est extrêmement excitant. Le mystère, les trésors à portée de main!
Admirez la bête :
Ce type de tombes est très courant au Japon, on a même baptisé Kofun la période qui les a vus apparaître.
Ils disparaissent totalement à l'introduction du bouddhisme, quand ça devient la mode de brûler les morts.
Bref, j'ai cherché le Daisen-Kofun (c'est son nom) pendant un certain temps, parce que malgré sa taille, il est quand même entouré d'immeubles, le truc. De même, c'est vrai que s'il n'y avait les douves, on pourrait très bien le rater, tant la végétation qui le recouvre est impénétrable.
Symbole de la mort par l'étendue d'eau qui le sépare du monde des vivants, cette forêt pleine de bruissements d'insecte contribue à le rendre encore plus inatteignable. C'est véritablement un monde différent qui se trouve devant nous à ce moment là!
Le Daisen-Kofun est par ailleurs entouré de deux côtés par des cimetières bouddhistes, où les stèles gravées de kanji s'empilent les unes sur les autres comme d'étranges HLM mortuaires. C'est de là que je m'aperçus, tandis que je faisais le tour des douves, que des êtres habitaient ce sanctuaire...
Ici et là, des petites tortues se jetaient dans l'eau (floc) à mon passage, ou engloutissaient des insectes (splash) avant de replonger, ne laissant derrière elles que des ronds concentriques comme témoins de leur passage.
Il y avait aussi le héron, qui me guettait depuis l'autre berge, plus près que je n'en avais jamais vu! Personne d'autre. Juste lui et moi. Soudain, il bougea la tête, déploya ses ailes et s'envola par dessus le tertre.
J'étais fasciné.
Je repartis quelques minutes plus tard, subissant au passage le syndrome des failles spatiales Japonaises : contrairement à la France, suivre des chemins de plus en plus petits ne mène pas à des impasses, mais à des raccourcis cachés qui passent par des lieux exotiques (en l'occurence, de petites ruelles avec des maisons traditionnelles derrière une rangée de parkings et d'hôtels) tandis que les routes ne font que vous éloigner de votre point de départ (tout en vous faisant tourner en rond, admirez le paradoxe) et ne possèdent que des panneaux indiquant des destinations supérieures à trente kilomètres. Je ne sais plus combien de fois j'ai demandé aux passants où se trouvait la gare. Au bout d'un moment, savoir où elle était n'avait plus d'importance, je voulais juste les entendre me confirmer que cette fichue gare existait réellement xD
Bref, après avoir déambulé sous le soleil pendant quelques temps, je finis pas retrouver mon chemin. En passant, je claquai mon argent dans mon plus grand vice : le jus de fruits. Mais bon, j'ai toujours adoré le Natchan à la pomme, alors quand j'ai vu qu'ils en avaient sorti un nouveau, j'ai pas pu résister. Il y en avait aussi un autre goût Tropical, qui reproduit presque exactement la saveur d'un médicament contre la grippe. Au pire, ça pourra toujours me faire un placebo à peu de frais. Au Japon, la politique des courses individuelles est telle que, lorsque vous achetez un pack de jus de fruits, ils vous donnent avec, non pas des gobelets de plastique, mais une seule et gigantesque paille. Dingue.
En rentrant, je décidai de m'arrêter au magasin "Vie de France", pour tester un peu le concept. A peine arrivé, ça commence mal :
Moi - Bonjour! ^__^
Vendeuse - o_______o いらっしゃいませ... é.è
Moi - Well, OK -.- (en Japonais) un pain au chocolat, un croissant et un pain au raisin S.V.P!
Verdict : ben ma fois, plutôt pas mal :p mis à part le pain au chocolat, sorte de Muffin fourré à la pâte de chépakoi (ingrédient récurrent, décidement)... mais le croissant était bien croustillant et tout, je l'aurais bien utilisé pour filtrer le café du CHUO :) bon, par contre, c'est un peu plus cher qu'en France, exotisme oblige... quant aux autres "pains", ce sont des espèces de mini-pizza bizarres et basta. Par contre, l'idée de croissant banane/choco est à exploiter. Je pense qu'il serait extrêmement rentable d'importer en France des concepts courants dans la vie de tous les jours de ce côté-ci de l'Oural. Je vous en ferai une liste un de ces quatre, vous allez voir, on est franchement à la préhistoire sur certains trucs ^.^
P.S : saviez-vous que Canalblog censure automatiquement des expressions comme c.l.a.s.s.e et s.t.y.l.e. ? C'est vraiment pas charismatique, tout ça!
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